Istanbul 1997

Publié le par Béa

20/02/97 au 02/03/97

Turquie

Istanbul

Encore une fois la Turquie ! Et oui encore une fois la Turquie! Pour le plaisir des yeux, des sens et de l’esprit. Pays où le passé est présent à chaque coin de route, pays où la modernité se construit autour des vestiges de l’Antiquité. Pays de couleurs, pays d’odeurs, pays de chaleur!

 Istanbul, chère Istanbul. Pour la 3ème fois, je reviens m’imprégner de ton parfum (pollué le plus souvent mais tellement reconnaissable), arpenter tes ruelles, admirer tes mosquées et tes palais, me mêler à ta foule frénétique, me repaître du spectacle de tes rues. Je reviens vivre quelques jours à Istanbul. Spectacle saisissant d’habitants toujours en mouvements et prêts à faire du business, Istanbul, la New York de l’Orient. Istanbul, vieille dame chargée de bijoux, si vieille et pourtant encore si belle ! Ville à cheval sur l’Europe et l’Orient. Attirée par l’Europe, elle veut lui ressembler et lui plaire mais les bagages du passé sont tellement lourds qu’il lui est difficile de ne pas rester orientale. C’est le mélange des deux. Un pied en Europe et tout le reste du corps en Orient. Istanbul ne peut pas renier ses racines, elles sont trop profondes et tellement visibles. 

     Les officiers de police turcs, affectés aux contrôle des passeports, sont toujours aussi peu sympathiques, froids et soupçonneux. Enregistrement systématique sur ordinateur, nous avons l’habitude. Foule considérable à la sortie de l’aéroport où nous sommes attendus pour être transférés à notre hôtel. Il est 17h 15 environ, la nuit tombe et il pleut sur Istanbul ce 20 février 1997. De grosses gouttes viennent s’écraser sur les vitres du minibus qui se fraye un passage au milieu de la circulation très dense pour nous emmener au cœur de la vieille ville, dans le quartier de Laleli. C’est presque un transfert privé, nous sommes six dans le véhicule, plus le chauffeur et un jeune guide maîtrisant aisément notre langue.

 Il nous donne une foule de renseignements que nous connaissons déjà mais que nous écoutons avec attention. Il semble content d'apprendre que nous venons pour la troisième fois en Turquie. Nous retrouvons cette fierté qui anime les Turcs lorsqu’ils parlent de leur pays. Et nous, et bien nous sommes très heureux de nous retrouver ici...  Après notre installation à l’hôtel Baron (nous y avions passé 2 nuits en 1994), nous voici en train d’arpenter les rues d’Istanbul, nous sommes ici en terrain de connaissance et nous nous sentons bien. 

 A peine dans la rue, les commerçants nous hèlent au passage pour nous inviter à rentrer dans leur boutique. Il y a une telle profusion de magasins, d’échoppes que nous ne savons plus où donner de la tête. Rien n’a changé, le business est quasi-permanent. Istanbul est une ville qui se vit, qui se sent, il faut être dans la rue pour en respirer son essence et avancer au rythme des Stambouliotes.

 Autant New-York (notre voyage en 1996) est imposante avec ses immenses gratte-ciel, autant Istanbul semble calme avec ses douces collines où dominent les minarets de ses nombreuses mosquées. Le point commun de ces 2 villes est le nombre impressionnant de ses habitants (12 millions environ) et son rythme effréné. Une chose nous frappe dès la première promenade. Peu de mendiants dans les rues, plus de voile noir, symbole islamique qui nous mettait mal à l’aise en 1994, moins de police dans les rues à motos. Un petit mot sur ces policiers à motos, ils sont toujours jeunes, physiquement grands, beaux et semblent sportifs. Ils forment un contraste avec la population de la rue. Ils donnent l’impression d’une réussite sociale et sont apparemment très respectés. 

   A chaque voyage, je passe par des phases différentes de plaisir, de peur, de déception,  et de bonheur.

Le plaisir c’est d’abord l’excitation du départ qui commence dès la préparation du voyage et même celle des bagages.

La peur, c’est l'angoisse que j’éprouve avant de monter dans l’avion et au moment du décollage. Ce moment où je me dis à chaque fois, «mais qu’est-ce que tu fous là, l’avion peux tomber et c’est toi qui a voulu venir là».Je me sens responsable et coupable vis à vis de ma famille que je traîne partout avec moi vers une mort certaine (j'en conviens c'est ridicule mais je n'y peux rien). Et puis ça se calme quand je suis tout la-haut près des anges comme j’ai cru les voir une fois assis sur les nuages, à regarder le monde tourner. J’ai eu l’impression ou j’ai bien voulu me persuader que c’était comme ça le paradis. J’y repense à chaque fois que je prends l’avion. J’explique aussi cette peur par le fait que j’ai le sentiment de ne pas pouvoir maîtriser quoi que ce soit, ni intervenir de façon efficace en cas de problème. Nos vies sont entre les mains de ces 2 hommes qui pilotent et je ne vois même pas la route en plus. C’est frustrant, angoissant pour moi et j’ai peur !

 La déception c’est que quelque soit l’endroit visité, on a tendance à l’idéaliser avant de le connaître. On imagine le ciel toujours bleu, les paysages magnifiques et il suffit comme lors de notre premier voyage à Istanbul d’arriver un jour de grève des éboueurs, d’être obligé de marcher par dessus les détritus pour atteindre son hôtel, de respirer non pas les odeurs de l’Orient mais les odeurs de pollution qui vous piquent le nez et la gorge, il y a forcément une petite déception. On s’aperçoit qu’il pleut aussi ailleurs, que tout ne correspond pas à ce que l’on imaginait. Et pourtant, c’est ce qui me plait dans les voyages. C’est surtout la découverte et la façon dont je vais ressentir le pays et les gens qui m’intéressent. C’est après, éprouver dans mon corps comme des pincements lorsque j’entends le nom d’une ville que je connais et qui à pour moi des accents particuliers. J’ai envie de savoir comment c’est ailleurs, envie de sentir ailleurs. Non pas que je ne sois pas bien là où je vis, mais je ne peux rien faire contre cette envie. Ca me donne un autre regard sur le monde et j’ai vraiment envie de le communiquer à mes enfants. Cela aussi c’est le plaisir. Même si à chaque fois, il faut revenir (nous ne resterons jamais assez longtemps à mon goût pour véritablement être imprégné du pays) il y a dans ma tête et mon esprit des flashs, des visages qui ressurgissent de temps en temps sans que j’y prenne garde et c’est délicieux. Pour moi c’est aussi le bonheur.

   Nos heures d'aéroport ! Je pourrais écrire un roman sur ces attentes, ces gens réunis dans ces lieux de transit. Nous sommes tous là pour la même raison. Prendre le gros oiseau blanc qui va nous emmener du point X au point Y. Et nous attendons, nous attendons, gentiment assis, ou nerveusement debout, les enfants courant avec les chariots des bagages, les parents fixant leur regard pour la énième fois sur les tableaux d'affichage pour se rassurer, ils vont bien prendre le bon avion. Tous les genres d'êtres humains sont ici. Les types cravatés qui ne perdent pas de temps, il pianotent sur un ordinateur, sont toujours pendus à un portable, relisent des notes ou en écrivent de nouvelles. Eux ne sont pas  inquiets, seulement pressés. Les vacanciers aux mines reposées, bronzées sur le chemin du retour, et les autres encore stressés sur le chemin du départ. Ceux qui rentrent sont plus détendus que ceux qui partent. Différence subtile mais que l'on arrive à déceler (on a que çà à faire, observer les gens!!!). Et ceux qui voyagent en première classe et qui ralent bien fort au sortir de l'avion quand tout n'a pas été au Top. Ceux-là sont repérables de suite. Ils s'assoient d'abord à l'écart de la masse. Ils ignorent délibérément les autres voyageurs.

 Scènes de vie dans un aéroport, microcosme de la société dans un endroit clos. Uniquement un endroit de transit où les gens ne font que passer et sont toujours en attente.

  Peut-être à une prochaine fois Istanbul….porte-toi bien !!!

 Béa

 Mars 1997

 Les années ont passé....j'aime toujours autant Istanbul ...la Turquie... ma porte pour l'Asie et j'essaie d'y aller régulièrement....petit tour ici pour en savoir plus...

  
http://enviedailleurs.blog4ever.com/blog/index-95326.html

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Publié dans Voyages..voyages

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